Les 19, 20 et 21 octobre se tenait, à la Grande Halle de la Villette, le salon dédié à la mobilité urbaine : Autonomy. C’est un rendez-vous incontournable pour qui se targue de s’intéresser à la mobilité sous toutes ses formes.
Le salon et la mobilité
Autonomy a ouvert ses portes pendant 3 jours aux amateurs comme aux professionnels de la mobilité. Ce salon était de plutôt grande envergure, en témoignent les chiffres clés suivants :
Deux pistes étaient à disposition pour essayer les différents moyens de mobilité à disposition. En intérieur, les participants au salon pouvaient s’adonner aux tests des moyens de micro-mobilité. L’extérieur quant à lui était réservé à l’essai de la Renault Twizy.
Elisabeth Borne, la ministre des Transports, a honoré Autonomy de sa présence en passant une après-midi à prendre connaissance des solutions et innovations dévoilées et à rencontrer les différents exposants.
Globalement, le salon s’est articulé autour de 5 thématiques qui sont des composantes clés de ce que nous appelons mobilité : la mobilité active, l’analyse de données, les véhicules électriques, la mobilité partagée et les véhicules autonomes.
La mobilité active
La mobilité active concerne le vélo, la marche, le skate, le roller ou encore la trottinette, tous ces moyens qui restent les plus efficaces pour se déplacer surtout à Paris où il est plus question de se « faufiler » que de se mouvoir. Les représentants de ces moyens de mobilités étaient les plus présents sur le salon mettant à l’honneur principalement les vélos, les skates et les trottinettes, le tout bien sûr, le plus souvent électrique.
Moovway, société spécialisée dans la mobilité urbaine et écologique, propose des moyens diversifiés, le tout électrique : vélos, hoverboards, mini scooters, skates…
iBombo propose des stations de réparation pour vélo contenant tout le nécessaire pour réparer son vélo. Ces stations sont plutôt destinées à des utilisations par des services publiques et des collectivités pour les installer dans des espaces stratégiques utiles pour les cyclistes ou sur des parcours à vélo touristiques.
AddBike permet de transformer son vélo en triporteur à tout moment grâce à un support métallique bordé de deux roues qui se fixe à l’avant compatible avec la majorité des vélos.
La tendance en ce domaine est la mobilité électrique pratique, confortable, sécurisée et écologique s’appliquant à tous types d’usages (skate, trottinette…). En effet, les acteurs de la mobilité cherchent rendre cette dernière pratique. Je repense à une trottinette sur laquelle il était possible de fixer sa sacoche à l’avant pour ne pas avoir à la porter sous le bras. Ce sont de petits détails comme celui-ci, dans l’intérêt de l’utilisateur, qui sont révélateurs de cette volonté de rendre la mobilité pratique et de séduire le plus grand nombre.
La tendance est clairement à l’électrique puisque cette motorisation est déclinée sur tous les moyens de mobilité du vélo jusqu’au skate. Cette mobilité électrique sert une idée de confort plutôt que l’écologie ; le vélo, la trottinette et le skate n’étant pas polluants par définition.
Côté sécurité, on constate que le développement des accessoires de protection se fait également dans une recherche de praticité comme en témoignent ces casque conçus pour ne pas prendre de place ou l’airbag pour la tête évitant l’encombrement et remplissant entièrement sa fonction de protection.
L’analyse de données et les voitures autonomes
De nos jours, le big data et les objets connectés se généralisent impliquant de gérer toutes les données collectées. L’analyse de données prend de plus en plus d’ampleur et cela va croissant à mesure que les années passent, le monde devenant toujours plus connecté.
Le traitement de ces données est important dans le cadre de la mobilité et surtout de la mobilité partagée puisque chaque utilisateur, d’une application de car sharing par exemple, génère des données qui, compilées avec celles des autres, permettent l’actualisation en temps réel des cartes, des voitures disponibles et d’une manière générale le bon fonctionnement de l’application et des échanges entre utilisateurs. Ces données et les échanges dont elles font l’objet sont la base de la consommation collaborative.
L’analyse des données a également d’autres applications. Les « smart cities » utilisent ces données de masse pour rendre nos déplacements quotidiens plus fluides. Les voitures autonomes les utilisent dans leur interaction avec leur environnement.
Les acteurs du traitement des données étaient présents à Autonomy et notamment SIRADEL, entreprise française rachetée par ENGIE, spécialisée dans la modélisation 3D de villes et dans l’édition de logiciels pour le déploiement des réseaux de télécommunications et des smart cities. La modélisation de villes grâce à l’analyse de données permet entre autres des simulations pour les voitures autonomes.
L’analyse des données est donc un sujet clé de la mobilité urbaine.
Les véhicules électriques
Nous avons déjà pu évoquer dans d’autres sujets l’avenir des énergies dans le domaine automobile. Le diesel est en perte de vitesse, les régulations étatiques convergent pour sa diminution dans les parcs automobiles et nous nous dirigeons vers des énergies plus propres comme les motorisations électriques (Découvrez les résultats de notre Baromètre énergies !). Ce n’est pas une nouveauté, la tendance est à l’électrique pour les années à venir.
L’électrique était présent sous toutes ses formes au salon : velos, skates et autres moyens de micro-mobilité comme nous avons pu l’évoquer précédemment mais également voitures, scooters et bus.
Les scooters électriques étaient présents en nombre surtout dans le cadre d’offres de mobilité partagée. J’ai eu le plaisir de retrouver Cityscoot sur qui nous avions déjà écrit auparavant (Par ici !).
Concernant les voitures, nous avons pu voir la Renault Zoe exposée pour animer la présentation de l’offre Renault Mobility mais également une surpise originale : la Microlino ! Petite citadine électrique conçue par Micro Mobility Systems, un fabricant suisse de trottinettes électriques, elle a la particularité de s’ouvrir par une grande porte unique à l’avant du véhicule. Les commandes sont d’ores et déjà ouvertes mais la production débutera en 2018.
Enfin, dans la catégorie au-dessus, nous avons pu retrouver le Bluebus du groupe Bolloré, 100% électrique. Peut-être est-il le prochain bus qui équipera les villes dans un futur plus ou moins proche. Des transports publics propres, c’est un bon début pour des villes propres.
Voitures, scooters, bus, micro-mobilité électrique, c’est bien mais où en est le réseau de bornes de recharge ? C’est un des freins à l’adoption de l’électrique : le réseau n’est pas suffisamment développé. Pourtant des acteurs font de leur mieux pour étendre ce réseau et faciliter son utilisation. C’est le cas de G² Mobility qui propose plusieurs types de bornes selon le besoin pour particuliers comme pour professionnels, conseils et assistance en termes de déploiement et solutions de payement.
G² Mobility s’inscrit dans une logique de démocratisation de l’accès à une mobilité électrique.
La mobilité partagée
La mobilité partagée (covoiturage, flottes partagées…) est largement répandue dans la plupart des grandes villes européennes. Le plus souvent, celle-ci prend place grâce aux applications de partage.
Nous connaissons bien et nous entendons souvent parler de la mobilité partagée C2C, par exemple avec BlaBlaCar. Mais ce n’est pas la seule ! En effet, nous voyons cette année la montée en puissance des offres de mobilité partagée adressées aux entreprises. Kowo et WayzUp en sont la preuve, pour ne citer qu’elles parmi les nombreuses sociétés fournisseuses de mobilité qui s’adressent désormais aux entreprises.
Les deux entreprises proposent des solutions de covoiturage aux employés d’entreprise reposant sur la mise en relation de chauffeurs avec des demandeurs qui ont des trajets quotidiens similaires ou non. L’utilisateur peut être conducteur ou passager. Connexion automatique avec le chauffeur, suivi de sa position sur la carte, note… Nous retrouvons les éléments qui ont fait le succès de sociétés de VTC mais appliqués au covoiturage entre employés. Cela permet aux entreprises de réduire leurs coûts de flotte et de parking, de réduire leur empreinte carbone et d’augmenter les rencontres informelles entre ses employés. Côté employé, ces solutions représentent des économies sur les coûts de transport et de parking et une flexibilité d’usage (chauffeur, passager, régulier ou non…).
La mobilité partagée est la tendance phare en termes de mobilité et cela s’est ressenti à Autonomy. Elle a pour supports pratiquement tous les moyens de mobilité : la trottinette, le vélo, le scooter et la voiture, avion, bus, moto…
Les vélos et les scooters étaient les plus représentés. Côté vélo, beaucoup d’entreprises ont répondu à l’appel d’Autonomy comme OBike, indigoWeel, Cykleo, Easybike…
Les scooters ont été représentés entre autres par Cityscoot, Mober et SCOOT.
La mobilité partagée s’est fait connaître premièrement grâce aux voitures notamment avec le service Autolib’. Les voitures, peut-être moins adaptées aux zones urbaines denses que la micro-mobilité, restent un moyen privilégié des covoitureurs et un segment couvert par de nombreux acteurs tels que Citiz, ESPRIT, OuiHop’, RCI Mobility, Renault Mobility ou encore Shotl.
Les particularités de ces offres de mobilité partagée sont d’être sans station, en libre-service. On ne revient pas déposer la voiture, le vélo ou le scooter à une station comme nous pouvions le faire avant. On laisse le support de mobilité n’importe où dans un endroit prédéfini en le verrouillant pour empêcher tout vol. Pour le déverrouiller, il faut utiliser son smartphone après avoir passé commande, une solution de sécurité qui existe déjà depuis quelques temps mais qui se généralise avec le déploiement de ces offres en libre-service.
Deux entreprises m’ont surpris avec chacune une offre de mobilité partagée à laquelle je ne m’attendais pas :
- COAVMI : service de coavionnage pour voyager en avion avec des pilotes privés.
- Mon Chaperon : application de copiétonnage pour partager un trajet à pied ou en transport en commun.
Cet entrain autour de la mobilité partagée met en exergue deux tendances : celle de l’économie collaborative qui se développe vitesse grand V et celle de l’usage plutôt que la possession.
Le concept coup de cœur
Un concept m’a particulièrement interpellé : Benur.
Il s’agit d’un handbike électrique à trois roues qui offre l’accès à la mobilité aux personnes en fauteuil roulant sans transfert. C’est-à-dire sans avoir à sortir de son fauteuil pour se hisser dans un autre moyen de mobilité. L’utilisateur peut rentrer avec son fauteuil roulant dans le handbike et le manœuvrer avec plus de facilité (assistance électrique) sans contrainte.
De plus, ce handbike sera disponible en libre-service également ! Selon ses fondateurs, la vocation de Benur, c’est le partage, des vélos disponibles partout où les personnes à mobilité réduite peuvent en avoir besoin au même prix que des vélos en libre-service classique. Cela pourra, en plus d’offrir l’accès à la mobilité à ceux qui en sont le plus démunis, lutter contre l’exclusion en rétablissant du lien social et en favorisant le retour à l’emploi.
Benur sera commercialisé d’ici environ 6 mois selon Joseph Mignozzi, son fondateur.
Quelles surprises nous réservera donc Autonomy édition 2018 ?